Mercredi 12 avril, je suis intervenu en séance publique dans le débat sur un thème éminemment d’actualité, celui des impacts économiques, sociaux et politiques de l’intelligence artificielle (IA) générative.
Après la machine à vapeur, l’électricité, l’internet et les technologies de l’information et de la communication, l’IA pourrait être à l’origine de la prochaine révolution technologique. Chacun pressent combien ses perspectives et ses potentialités sont vertigineuses, qu’il s’agisse des opportunités mais aussi des menaces pour le développement économique, la situation de l’emploi, pour l’organisation du travail, pour la qualité du débat public, pour la confiance dans la vie politique…
En soi, une technologie n’est jamais déterminée. Tel un « pharmakon« , elle est à la fois « poison » et « remède ». Tout dépend des usages que nous en faisons.
Pour cadrer ces usages souhaitables parmi tous ceux possibles, il incombe au législateur de combler progressivement le vide normatif en posant des bornes juridiques et éthiques. Tout en ayant conscience que, le droit arrivant après la réalité où se meut la dynamique de l’innovation, toute loi sera nécessairement « biodégradable ». Avec humilité, les parlementaires devront donc régulièrement remettre l’ouvrage normatif sur le métier législatif. A terme, une gouvernance globale de l’IA devra probablement être mise en place au niveau international.
En vérité, je crois que l’IA nous lance un défi qui nous invite à un regain d’intelligence. Je suis optimiste, par volontarisme. En nous débarrassant de certaines tâches superflues, l’IA peut nous permettre de nous concentrer sur l’essentiel. Sans l’humain, point de machine, ne l’oublions pas.
Vous trouverez ci-après le texte de mon projet d’intervention.
« Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,
« L’intelligence artificielle générative, une technologie capable de créer de nouveaux contenus, écrits ou images, recèle un fort potentiel, et ses impacts sociaux sont multiples.
Dans le champ économique, l’intelligence artificielle générative, en permettant l’automatisation de certaines tâches répétitives et sans grande valeur ajoutée, accroît l’efficacité du travail et donc la rentabilité. En créant de nouveaux produits ou services basés sur cette technologie, elle est potentiellement créatrice d’emplois.
Toutes ces potentialités peuvent néanmoins être disruptives pour notre modèle économique actuel. En générant un risque de destructions d’emplois ou en limitant la nécessité d’acquérir de nouveaux savoirs, l’intelligence artificielle générative obligera plusieurs secteurs industriels à s’adapter pour demeurer compétitifs.
Les risques politiques et éthiques existent aussi pour nos valeurs démocratiques, notamment par la génération de faux contenus, qu’ils soient écrits, visuels ou sonores, qui viendraient nourrir propagandes diverses et désinformation. Les répercussions sur les processus électoraux sont possibles. A mesure que les intelligences artificielles génératives se perfectionneront, il deviendra de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. »
Ce que vous venez d’entendre, chers collègues, n’est pas un discours rédigé exclusivement par mes soins, ou ceux de ma collaboratrice.
Ce début d’intervention a été généré à près de 95% par l’application ChatGPT. Monsieur le Ministre, vous avez qualifié ChatGPT de « perroquet approximatif ». Utilisé dans le contexte précis d’une intervention dans l’hémicycle, le trouvez-vous convaincant, ou conservez-vous votre jugement ?
« Distinguer le vrai du faux », « création d’emplois et potentiel disruptif »… En une minute, je pense que vous avez pu relever les principaux apports et risques de l’intelligence artificielle générative, limites et promesses dont la machine elle-même semble parfaitement consciente. Vous voyez également la nécessité qui est la nôtre de les identifier pour combler le vide juridique qui entoure le développement de cette technologie, dont on ne peut nier le potentiel de fascination et qui évolue à une vitesse sidérante.
Comme toute innovation majeure dans l’histoire de l’humanité, les intelligences artificielles génératives font planer le spectre de destructions d’emplois, d’un remplacement de la force humaine par l’agilité de la machine, d’une forme de simplification de l’organisation du travail par la suppression du facteur humain. On oublie souvent de dire que les nouvelles technologies, quelles qu’elles soient, créent souvent davantage d’emplois qu’elles n’en détruisent. Par ailleurs, leur développement ne signifie pas systématiquement abandon des savoir-faire antérieurs. L’intelligence artificielle peut donc au contraire permettre la création et l’acquisition de nouvelles compétences. Le secteur qui sera le plus directement impacté par leur développement sera sans surprise celui de l’informatique. Cela induira nécessairement une adaptation et par là même, une expertise plus poussée de la part des ingénieurs, ainsi que la création de nouveaux métiers attractifs.
Une des principales craintes généralement partagée face à un tel potentiel est aussi de voir l’humain dépassé par sa créature. Toutefois, cette source d’intelligence demeure, encore et toujours l’humain, tandis que les intelligences artificielles génératives ne demeurent, en tout cas en 2023, que des fabriques d’illusions. En dépit de leur qualité, le contenu proposé ne se base que sur des corrélations statistiques, un volume de données certes exponentiel mais toujours limité. Sans l’humain, point de machine !
Ces inventions posent néanmoins de réelles questions éthiques et philosophiques. Comme toutes les technologies qui les ont précédées, comme Internet d’ailleurs, elles sont un pharmakôn, à la fois poison et remède, selon l’usage que l’on en fait. Bien sûr qu’entre de mauvaises mains, ces outils sont dangereux parce qu’ils sont hautement capables de tromper notre vigilance ou d’être utilisés pour défendre des intérêts particuliers.
Mais cette créature-ci ne nous échappera que si nous ne nous posons pas les bonnes questions et si nous n’anticipons pas ses effets pervers. Les mêmes interrogations relatives à la régulation, aux normes, à une éventuelle gouvernance mondiale, se posent aujourd’hui pour l’intelligence artificielle comme elles se sont posées depuis plus de vingt-cinq ans face à l’essor d’Internet. Force est de constater que nous avons appris en marchant. Il pouvait difficilement en être autrement, faute de précédent.
Mais nous disposons aujourd’hui de cette expérience, d’un corpus de réflexions, de normes, d’une jurisprudence qui peuvent aujourd’hui nous guider. Il nous faut nous servir de ce savoir empirique. Une difficulté demeure cependant : face à une technologie par nature dynamique qui progresse sans cesse, le risque de caducité rapide des normes définies à un moment précis est réel.
Il nous faut donc être plus rapides que la machine. Et c’est là, je pense, où se situe l’aspect le plus positif de cette technologie novatrice : en nous débarrassant du superflu, elle peut aussi nous permettre de nous concentrer sur l’essentiel.
En vérité, elle nous lance un défi : elle nous invite à un regain d’intelligence.
Si l’intelligence artificielle générative peut nous affranchir de certaines tâches répétitives, doit-elle fatalement nous rendre intellectuellement paresseux ? C’est à l’humain de montrer qu’aucune machine ne peut surpasser son intelligence, son jugement, son esprit critique, et sa remarquable capacité d’adaptation.
Qu’ils soient positifs ou négatifs, les impacts sociaux et économiques de l’intelligence artificielle générative doivent être adressés et ne pourront faire l’économie d’une réflexion éthique afin qu’elle puisse être utilisée au bénéfice de l’intérêt général. Et cette conclusion, chers collègues, m’a été proposée par l’application ChatGPT… Je vous laisse apprécier sa pertinence.«